Méthodologie:
- Comparaison du contexte discursif des énoncés de presse en période électorale.
- Composition d’un corpus empirique de base de 12 600 articles de la presse française et allemande.
- Recensement du lexique employé dans le discours de presse pour désigner les femmes politiques et des informations privées inclues aux énoncés journalistiques hors contexte biographique.
- Mise à jour d’une multitude de termes provenant principalement de la mémoire collective (représentations féminines – stéréotypes, mythes – et références historiques, culturelles ou littéraires), d’appellations genrées telles que le(s) prénom(s) et diminutifs des candidates, ainsi que d’une attention particulière au physique des deux femmes. Recours récurrent des auteur(e)s de presse à ce lexique genré par le biais de stratégies discursives spécifiques: antonomases de noms propres ou communs, énoncés humoristique et création néologique.
- Ventilation des éléments constitutifs de l’image des deux femmes politiques dans la presse en mythèmes et biographèmes.
Résultats:
Les mythèmes et biographèmes communs aux deux femmes dans la presse écrite révèlent le profil d’un archétype de la femme politique franco-allemand présentant les femmes de pouvoir d’une part comme dangereuses et incompétentes, en particulier à cause d’une hétéronomie vis-à-vis de leurs mentors politiques au début de leurs carrières, et d’autre part selon des figures féminines traditionnelles comme « la mère », « l’épouse », mais aussi « l’héroïne », « la guerrière » ou « la sauveuse ». Le paradoxe entre certaines figures est fréquent, l’image des deux candidates est trouble. Nos résultats vont à l’inverse de ceux des récentes études sur les représentations féminines dans le discours journalistique : les auteur(e)s de presse obstruent insidieusement l’accès au pouvoir suprême des femmes politiques contemporaines. Seuls certains biographèmes inédits peuvent occulter les figures genrées péjoratives livrées par la presse et permettre à la candidate d’atteindre son but, comme ce fut le cas d’Angela Merkel.