Themenheft 2022 der Zeitschrift "Dix-Huitième Siècle" zu "Climat et environnement" - Appel à contributions (Sonstiges Projekt)


Allgemeine Angaben

Projektbeginn
Sonntag, 01. November 2020
Projektende
Freitag, 30. April 2021
Status
abgeschlossen
Weiterführender Link
https://www.sfeds.fr/publications-18eme-siecle/revue-dix-huitième-siècle.
Thematik nach Sprachen
Französisch
Disziplin(en)
Literaturwissenschaft, Medien-/Kulturwissenschaft, Sprachwissenschaft

Exposé

APPEL à CONTRIBUTIONS

A l’heure où les questions du changement climatique et de l’empreinte carbone sont au premier plan de l’actualité, un volume sur les perceptions et interactions environnementales au XVIIIe siècle paraît bienvenu. Pour accueillir toutes les acceptions d’environnement, un dossier pluridisciplinaire, et si possible transdisciplinaire, est de mise afin de croiser les perspectives des historiens (historiens des sciences, du climat, de l’environnement, et de l’art), des philosophes, et des littéraires.
Nous invitons à une enquête, dans l’Encyclopédie, les encyclopédies et dictionnaires des Lumières, sur le sens et usages des mots « climat », « milieu », « éléments », « catastrophe », etc. Ainsi, pour « climat », le sens du mot lui-même s’infléchit au cours du siècle. De « zone parallèle à l’Equateur », il prend sous l’influence des études médicales (Boerhaave, Arbuthnot…) celui de « température habituelle de l’air ». C’est à partir de ce premier sens que s’est élaborée ce qu’on a appelé la « théorie des climats ». Que nous apprend sur notre rapport au climat, la « fatale inclinaison » – l’inclinaison étant le sens premier du mot klima -, et la fin du « printemps perpétuel » où Rousseau voit l’origine des langues ? Ce volume sera l’occasion de faire le point sur ces anciennes conceptions du changement climatique, éclairées par le contexte actuel : celle du refroidissement de la Terre (Buffon, Théorie de la Terre) comme celle du réchauffement dû à la combustion du feu central (Théodore Augustin Mann). Un savoir nouveau sur le climat, notamment grâce aux descriptions des voyageurs, et une science nouvelle, la météorologie, se font jour. Le perfectionnement des instruments de mesure (thermomètre, baromètre…) et la constitution des premiers réseaux météorologiques permettent une approche scientifique du climat. Emmanuel Le Roy Ladurie (Histoire du climat depuis l’an mil, Histoire humaine et comparée du climat) nous enseignent que le XVIIIe siècle, bien que faisant partie du Petit Age glaciaire (début XIVe-1860 environ) et en dépit de la variabilité naturelle, présente une météorologie plus favorable que le siècle précédent. Si le siècle des Lumières est marqué par de grands hivers (1709, 1740, 1788-1789) et si la période froide appelée « Minimum de Maunder » contemporaine du règne du Roi-Soleil se prolonge jusqu’en 1715, la Régence et le règne de Louis XV sont marqués par un « dégel ». Les conditions météorologiques sont globalement favorables à l’expansion économique, mais des aléas climatiques rappelleront souvent violemment la fragilité de l’agriculture et des subsistances face aux éléments naturels. Agronomes (Duhamel du Monceau, Tessier, Rozier…), naturalistes (Ingenhousz, Andriani, Senebier…) et vétérinaires (Chabert, Bourgelat…) s’attacheront à perfectionner méthodes de culture, végétaux et cheptel. Mais libérer l’agriculture de sa dépendance au climat n’est pas si facile. Turgot en fera les frais de façon retentissante. La « météo » a-t-elle joué un rôle dans le déclenchement de la Révolution française ? Cette question largement débattue trouve aujourd’hui un nouvel éclairage à travers l’histoire environnementale qui, refusant le déterminisme climatique, s’intéresse aux interactions entre les sociétés et leur milieu. De nombreux travaux inscrits dans ce champ, institutionnalisé en France depuis une vingtaine d’années, ont récemment contribué à renouveler l’étude des rapports au climat des sociétés anciennes (E. Garnier, F. Locher, O. Jandot…). Face aux risques d’origine climatique, relevant de transformations lentes ou d’événements soudains, se posent les questions de l’acceptation, de l’adaptation et de la résilience. L’impact des activités humaines sur l’équilibre d’écosystèmes fragiles fait l’objet d’une prise de conscience, relative mais néanmoins perceptible dans les efforts de protection des îles tropicales en situation coloniale, mis en évidence dans le travail pionnier de R. Grove. La déforestation, l’assèchement des zones humides, l’agriculture intensive ne sont-elles pas de nature à bouleverser le climat d’une région ? Les pollutions générées par les activités préindustrielles ne portent-elles pas atteinte à la santé des habitants (Vandermonde, Skragge, Fourcroy, Gilbert, Fodéré, Morand…) ? Les topographies médicales qui fleurissent dans les dernières décennies de l’Ancien Régime témoignent de cette inquiétude. La question des prétendus « brouillards secs » engendrés par l’éruption du volcan Laki (1783) relève de l’histoire des pollutions, mais aussi des imaginaires liés au climat. La confrontation des corps et des sensibilités aux évolutions climatiques se traduit par des stratégies d’adaptation stimulant de nouvelles consommations, en particulier dans l’art de s’habiller et dans l’art d’habiter (vitrage, techniques de chauffage…).
Enfin, c’est à la modernité technicienne du XVIIIe siècle, en particulier à l’invention du système technique de la première révolution industrielle fondé sur la machine à vapeur et le charbon comme combustible énergétique, que des historiens du climat imputent le début du réchauffement climatique (C. Bonneuil et J.-B. Fressoz). La seconde moitié du XVIIIe serait donc ce moment charnière du grand moment de basculement dans un réchauffement climatique, aux causes désormais anthropiques (et souvent désigné de nos jours par le terme d’anthropocène).
Climat et environnement sera l’occasion de resituer l’homme dans son milieu au temps des Lumières, et d’examiner les modalités de son « acclimatement », sa place étant laïcisée mais non dénuée de fantasmes et de superstitions. Les « baromètres de l’âme » (Pierre Pachet) inaugurés par Rousseau (« J’appliquerai le baromètre à mon âme » – la métaphore deviendra un lieu commun des diaristes) révèlent une identité instable : le Sturm und Drang, l’esthétique du sublime, les représentations des tempêtes et des passions (littérature, peinture, musique) traduisent ce nouveau rapport au monde. En outre, l’attention aux « climats » se prête particulièrement aux approches pluridisciplinaires des humanités environnementales. Elle situe et ancre les analyses littéraires, les études de cas et les théories philosophiques. Le prisme environnemental permet à de nombreux champs d’étude historiques et littéraires de se transformer : l’étude des révolutions agricoles et des catastrophes naturelles, la peinture de paysage, l’analyse des inscriptions de la nature dans la prose et la poésie, ainsi que l’histoire des jardins, profitent toutes des accents portés sur les entrelacs entre nature et culture, et sur la question de l’éthique de l’homme dans son environnement, qu’il s’agisse de présence discrète ou dominatrice, de respect, de tolérance, de care ou de soumission aux éléments.

Responsables scientifiques du dossier : Laurent Brassart, Laurent Châtel, Emilie-Anne Pepy et Anouchka Vasak.

Envoi de propositions : Le volume 54, résolument interdisciplinaire, pourra accueillir des contributions sur la littérature, l’histoire, l’histoire de l’art, les sciences du climat, de l’environnement et de la nature dans l’Europe du long XVIIIe siècle. Les propositions feront l’objet d’une sélection par un comité scientifique ; un abstract circonstancié d’environ 700/800 mots avec une courte bibliographie est à envoyer avant le 1er novembre 2020 à l’adresse suivante :
climatenvironnementrevue@gmail.com

Une fois les propositions acceptées, les articles seront à remettre avant le 30 avril 2021. Pour plus d’informations sur la Revue voir : https://www.sfeds.fr/publications-18eme-siecle/revue-dix-huitième-siècle.
Suggestions bibliographiques :
Athimon, Emmanuelle, Tempêtes et submersions marines sur les territoires de la côte atlantique depuis le XIVe siècle, Le Croit Vif éditions, octobre 2020.
Emmanuelle Athimon, Vimers de mer et sociétés dans les provinces de la façade atlantique du royaume de France (XIVe-XVIIIe s.), thèse de doctorat soutenue à l’université de Nantes en 2019.
Becker, Karin (dir.), La pluie et le beau temps dans la littérature française, chapitre II « des Lumières au XIXe siècle », Paris, Hermann, collection MétéoS, 2012
Belleguic, Thierry et Anouchka Vasak (dir.), Ordre et désordre du monde. Enquête sur les météores, de la Renaissance à l’âge moderne, Paris, Hermann, 2013
Berchtold, Jacques, Le Roy Ladurie Emmanuel, Sermain Jean-Paul, Vasak Anouchka (dir.), Canicules et froids extrêmes. L’événement climatique et ses représentations (II), histoire, littérature, peinture, Paris, Hermann, coll. MétéoS, 2012
Bonneuil Christophe et Fressoz Jean-Baptiste, L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous. Paris, Le Seuil, 2013.
Brassart Laurent, Quenet Grégory, Vincent Julien, « Révolution et environnement », numéro spécial, Annales historiques de la Révolution française, n°399, 2020-1.
Brot, Muriel, Destination arctique. Sur la représentation des glaces polaires du XVIe au XIXe siècle, préface de Jean Malaurie, Paris, Hermann, 2015
Corbin Alain (dir.), La pluie, le soleil et le vent : une histoire de la sensibilité au temps qu’il fait, Paris, Aubier, 2013.
Ducos Joëlle (dir.), Météores et climats d’hier. Décrire et percevoir le temps qu’il fait de l’Antiquité au XIXe siècle, Paris, Hermann, 2013.
Fournier Patrick « Les médecins et la médiatisation de la théorie des climats dans la France des Lumières », Le Temps des Médias, n° 25, De la nature à l’écologie, automne 2015, p. 18-33.
Fournier Patrick, « Zones humides et aérisme à l’époque moderne », in Jean-Michel Derex (dir.), Zones humides et santé. Actes de la journée d’étude 2008 du Groupe d’Histoire des Zones Humides, 2010, p. 9-23.
Fressoz, Jean-Baptiste et Fabien Locher, « Régénérer la nature, restaurer les climats : François-Antoine Rauch et les ‘Annales Européennes de physique végétale et d’économie publique’, 1815-1830 », Le Temps des médias, 25, 2015, pp. 52-69.
Fressoz, Jean-Baptiste et Fabien Locher, Les révoltes du ciel. Une histoire du changement climatique (XVIIe-XXe siècle), Paris, Seuil, à paraître à l’automne 2020.
Fressoz Jean-Baptiste, Graber Frédéric, Locher Fabien, Quenet Grégory, Introduction à l’histoire environnementale, Paris, La Découverte, 2014.
Jandot, Olivier, Les délices du feu. L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.
Garnier, Emmanuel Les dérangements du temps, 500 ans de chaud et de froid en Europe, Paris, Plon, 2010.
Glaudes, Pierre et Klettke Cornelia (dir.), Nuages romantiques – Des Lumières à la modernité, Berlin, Frank & Timme, 2018
Glaudes Pierre et Vasak Anouchka (dir.), Les nuages, du tournant des Lumières au crépuscule du romantisme (1760-1880), Paris, Hermann, 2017
Grove, Richard Les îles du Paradis. L’invention de l’écologie aux colonies, 1660-1854, Paris, La Découverte, 2013.
Le Roy Ladurie, Emmanuel, Histoire humaine et comparée du climat, siècles, Paris, Fayard, 2004-6), vol 1 et 2.
Le Roy Ladurie Emmanuel, Berchtold Jacques, Sermain Jean-Paul (dir.), L’événement climatique et ses représentations (XVIIe-XIXe siècles), histoire, littérature, musique et peinture, Paris, Desjonquères, 2007
Le Roux Thomas et Jarrige François, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel. Paris, Le Seuil, 2017.
Locher, Fabien Le Savant et la Tempête. Etudier l’atmosphère et prévoir le temps au XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
Locher, Fabien « Changement climatique et colonisation. Amériques et Océan Indien, XVIIIe-XIXe siècle », dans Kapil Raj et Otto Sibum (dir.), Histoire des sciences modernes, tome 2 (1770-1914), Paris, Seuil, 2015, pp. 434-450.
McCallam, David, Volcanoes in Eighteenth-Century in Europe : An Essay in Environmental Humanities, Oxford University Studies in the Enlightenment, Liverpool, Liverpool University Press, 2019
Mann, Théodore Augustin, Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets (1782), édition présentée par Muriel Collart, préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, Hermann, 2012
Metzger, Alexis Frédérique Rémy (dir.), Neiges et glaces. Faire l’expérience du froid (XVIIe–XIXe siècles), Paris, Hermann, 2015.
Mouhot, Jean-François, « Du climat au changement climatique : chantiers, leçons et défis pour l’histoire », Cultures & Conflits [Online], 88 | hiver 2012, Online since 15 March 2014. URL : http://journals.openedition.org.camphrier-2.grenet.fr/conflits/18571
Pachet Pierre, Les baromètres de l’âme. Naissance du journal intime, Paris, Hatier, 1992
Parker Geoffrey, Global Crisis : War, Climate Change and Catastrophe in the Seventeenth Century, Yale University Press, 2013.
Quenet Grégory, “L’anthropocène et le temps des historiens », Annales, Histoire, Sciences sociales, 72e année, 2017-2, p.267-299.
Rémy, Frédérique, Le monde givré, Paris, Hermann, 2016.
Vasak Anouchka, Météorologies. Discours sur le ciel et le climat, des Lumières au romantisme, Paris, Honoré Champion, 2007
Walter, François, Hiver. Histoire d’une saison, Paris, Payot, 2014.
Zumstein, Hélène, Les figures du glacier, histoire culturelle des neiges éternelles au XVIIIe siècle, Genève, Presses d’Histoire Suisse, 2009.


Anmerkungen

Revue Dix-huitième siècle
Dossier thématique 54 (2022) : « Climat et environnement »

Ersteller des Eintrags
Hans-Jürgen Lüsebrink
Erstellungsdatum
Samstag, 09. März 2024, 23:35 Uhr
Letzte Änderung
Samstag, 09. März 2024, 23:35 Uhr