Stadt: Rennes, Frankreich

Frist: 2015-09-01

Beginn: 2016-10-05

Ende: 2016-10-07

Francesco Robortello (1515-1567) reste connu aujourd’hui comme un aristotélicien de la Renaissance, et plus précisément comme le premier commentateur de la Poétique ; mais son œuvre est rarement envisagée dans toute son abondance, sa cohérence et sa complexité. En fait, cet auteur a joué un rôle singulier dans le renouvellement des savoirs littéraires et philosophiques du XVIe siècle. Comme la plupart de ses pairs, il a déployé son activité dans les domaines de la poétique, la rhétorique, l’histoire ou encore la philosophie, mais il a aussi suscité bien des jalousies et des critiques qui l’ont mis, de son vivant, un peu à part de la communauté universitaire. Toutefois, en dépit (ou à cause) de ce discrédit, qui n’a commencé à se fissurer qu’à la fin du XVIIIe siècle, Robortello n’a cessé d’être lu et de représenter une référence (même lorsqu’il était désavoué), en Italie et dans d’autres pays d’Europe.
Principalement connu par ses Explicationes in librum Aristotelis de arte poetica, publiées en 1548, alors qu’il professait au studio de Pise, Robortello a manifesté de l’intérêt pour d’autres ouvrages antiques et laissé une œuvre nombreuse et variée : outre ses commentaires de textes grecs et latins (Tragédies d’Eschyle, Lettres familières de Cicéron, Politiques d’Aristote), ainsi que la première édition annotée du Traité du Sublime de Longin, on lui doit de nombreux petits traités théoriques tels les cinq opuscules consacrés à des genres littéraires, mis en appendice de son exégèse de la Poétique d’Aristote et de l’Art poétique d’Horace. En réalité, Robortello s’est intéressé à tous les domaines que son parcours lui offrait, au gré des chaires qu’il occupait, depuis Lucques jusqu’à Padoue, en passant par Pise, Venise et Bologne, dans la grande diversité de contextes culturels, intellectuels et institutionnels que présentait l’Italie de son temps.
Aujourd’hui, l’œuvre de Robortello est essentiellement appréhendée de façon fragmentaire, à partir d’extraits interprétés en fonction d’un objet d’étude particulier, mais l’originalité de la démarche de ce savant reste en grande partie à dégager. Pour une telle approche, une édition critique de ses œuvres – à ce jour encore à faire – serait un outil indispensable. Afin d’encourager ce travail éditorial, la nécessité apparaît de réunir les exégètes de ces textes, ainsi que tous les spécialistes du contexte dans lequel ils ont été produits. Car l’itinéraire intellectuel de Robortello est indissociable du cadre institutionnel et de l’environnement culturel au sein duquel il s’est réalisé. A titre d’exemple, on peut imaginer de réévaluer, dans le contexte du regain d’Aristote, les liens étroits toujours entretenus par les gens d’étude du XVIe avec le Moyen Âge, notamment avec le philosophe arabe Averroès, dont Robortello, qui connaît la version latine de ses commentaires d’Aristote, loue abondamment la justesse d’analyse, ou encore avec les poéticiens ou rhétoriciens du Quattrocento, avant de mesurer le rôle propre joué par l’humaniste dans le renouvellement d’une pensée universitaire aristotélicienne. Retracer cet itinéraire, c’est aussi réexaminer les pratiques philologiques en vigueur, notamment celles mises en œuvre dans les lectures exégétiques, pratiques dont les commentaires robortelliens se révèlent souvent être des exemples d’exception, qu’il s’agisse de l’édition la plus exacte possible du texte ou encore, comme c’est le cas pour le De artificio dicendi, de la reconstruction schématique de deux textes cicéroniens et de deux odes d’Horace.
Il s’agit donc d’interroger la production multiple de Robortello, de voir quelles sont les intentions de chacun de ses ouvrages, quels liens ils ont entre eux et avec les productions antérieures et contemporaines relevant d’un même domaine ; il s’agit également de considérer l’image qu’ils donnent de leur auteur, dont les engagements littéraires (notamment dans le contexte de la contre-réforme) ont desservi la réputation et la diffusion de son œuvre. Il s’agit encore de regarder l’œuvre robortellienne dans son rapport aux lieux et aux modalités culturelles et techniques qui l’ont conditionnée et qu’elle a pu ébranler. Cette opportunité de lire ou relire l’œuvre de Robortello pour elle-même et dans son contexte d’élaboration et de réception est l’occasion d’éprouver son originalité autant que sa puissance littéraire et philosophique, de constater comment elle a été lue et retenue au fil des siècles, de mesurer son apport, aujourd’hui, dans les différents domaines de la pratique littéraire et de la réflexion philosophique.

Merci de bien vouloir adresser vos propositions avant le 1 septembre 2015 aux membres du Comité Scientifique dont les noms et adresses figurent ci-dessous :

Deborah Blocker dblocker@berkeley.edu (University of California, Berkeley)
Monique Bouquet bouquet.monique@gmail.com (Université Rennes 2)
Emmanuel Buron emmanuel.buron@free.fr (Université Rennes 2)
Sergio Cappello sergio.cappello@uniud.it (Università di Udine)
Virginie Leroux virginie@leroux.net (Université de Reims)
Claire Lesage claire.lesage@uhb.fr (Université Rennes 2)
Michel Magnien cajmagnien@wanadoo.fr (Université Paris 3- Nouvelle Sorbonne)

Beitrag von: Claudia Brauer

Redaktion: Reto Zöllner