Frist: 2018-01-15

Beginn: 2018-09-26

Ende: 2018-09-29

Section au XI Congrès des Francoromanistes
Osnabrück, Allemagne, 26–29 septembre 2018

Organisateurs:
Andreas Dufter (Ludwig-Maximilians-Universität München, Allemagne)
David Hornsby (University of Kent, Royaume-Uni)
Elissa Pustka (Universität Wien, Autriche)

Jusqu’à l’invention du phonographe en 1877, nous n’avons pas d’accès direct à l’oral, mais devons recourir entre autres à sa mise en scène littéraire (cf. Goetsch 1985), telle qu’on la trouve dans des oeuvres aussi différentes entre elles comme les Agréables conférences (1649) ou la Farce normande de Maupassant (1882), pour ne fournir que deux exemples. Jusqu’à l’époque toute récente, les corpus oraux resteront si ponctuels que ces matériaux artistiques, auxquels s’ajoutent notamment des films, restent une source indispensable pour l’histoire de la langue parlée (cf. p. ex. Bedjis 2012). Aujourd’hui, néanmoins, la linguistique de corpus nous permet de comparer systématiquement productions et reproductions, mise en scène artistique et quotidienne (cf. Goffman 1959). Cela nous permet d’estimer enfin dans quelle mesure les stéréotypes de l’oral peuvent servir à sa reconstruction, mais aussi à quel point l’oral soi-disant ‘authentique’ est lui aussi à considérer comme construit. De plus, les débats autour de l’âge du français parlé (cf. Hausmann 1992) et la thèse d’une diglossie en France (cf. p. ex. Massot/Rowlett 2013) peuvent être réanimés et nourris d’une multitude de (nouveaux) matériaux de l’oral dans l’écrit : chansons, théâtre de boulevard, bandes dessinées, films d’animation ‒ et dans certains cas aussi livres audio, graffitis, publicité, SMS et messages whatsapp.
L’objectif de cette section est d’analyser ces différents corpus d’oralité mise en scène du côté de la forme linguistique. En français, on note effectivement un écart exceptionnel au niveau du médium (phonie vs graphie) comme de la conception (thèse des deux grammaires ; cf. Blanche-Benveniste 1990) : Sur le plan de la morphosyntaxe, les différences concernent entre autres la négation (pas vs ne…pas), l’interrogation (intonation vs inversion), on ‘nous’, le redoublement des pronoms personnels (moi je), l’absence d’accords et les dislocations. Sur le plan de la phonographie (cf. récemment Mahrer 2017), on trouve des écritures phonétiques (“Doukipudonk-tan” pour “D’où qu’il pue donc tant” dans Zazie dans le métro ; cf. p. ex. Blank 1991), des schwas élidés ( ptit pour petit ), des (non-)réalisations de liaisons ( c’est hun choc, vzètes zun mélancolique ), des réductions de clusters consonantiques ( esprès et exeuprès pour exprès ) et des assimilations de sonorité ( chsuis pour je suis ). En dépassant l’oral au sens strict du terme, dimension de la variation particulièrement développée en français, nous nous intéresserons également à l’oralité au sens plus large : dialectes (cf. p. ex. Dargnat 2006 sur le québécois), accents régionaux, sociolectes urbains, langage des jeunes (de banlieue), etc. – tous confrontés aux représentations de la norme. La section permettra de discuter, à quel point l’oralité mise en scène reflète le conflit (ou même la guerre) entre oral et écrit en français et à quel point elle réconcilie expression spontanée et norme figée.

Conférenciers invités:
Rudolf Mahrer (Université de Lausanne)
André Thibault (Université Paris-Sorbonne)

Les propositions de communication ne doivent pas excéder 300 mots (bibliographie comprise) et seront adressées aux trois organisateurs (dufter@lmu.de, d.c.hornsby@kent.ac.uk, elissa.pustka@univie.ac.at) jusqu’au 15 janvier 2018.

Beitrag von: Andreas Dufter

Redaktion: Robert Hesselbach