Stadt: Osnabrück

Frist: 2018-01-15

Beginn: 2018-09-26

Ende: 2018-09-29

URL: http://www.francoromanistes.de/frankoromanistentag/osnabrueck-2018/

Section thématique du 11e congrès des franco-romanistes allemands, Osnabrück (26-29.09.2018),

organisée par Daniela Marzo et Daniela Müller (Ludwig-Maximilians-Universität München, Allemagne)

Le contact – et donc, au moins potentiellement, également le conflit – sont inhérents à toute interaction linguistique et, de manière plus générale, sociale. Ceci est également vrai pour le français standard, qui, malgré les efforts pluriséculaires de la politique linguistique, n’a bien sûr jamais existé à l’état isolé. Il est par conséquent inévitable que la nature du contact aussi bien que les attitudes des locuteurs envers les langues et les variétés concernées aient un impact sur le français lui-même. Les phénomènes linguistiques qui en résultent – qu’ils soient systémiques ou discursifs – ne se manifestent cependant pas seulement dans la langue standard, mais aussi dans les langues et les variétés en contact avec celle-ci (les langues minoritaires, les variétés sous-standard et les langues de migrants), et concernent tous les niveaux de l’analyse linguistique.
La nature du contact social sous-jacent joue alors un rôle prépondérant dans les relations d’influence réciproque entre les langues ou variétés linguistiques : des études du domaine anglophone ont démontré que l’attitude d’un locuteur envers ce qui est différent – qu’il s’agisse de dialectes, de langues, de cultures ou de pays – influe sur son comportement linguistique inconscient. C’est ainsi que nous nous adaptons linguistiquement à ce que nous apprécions et qu’au contraire nous prenons nos distances – entre autres linguistiquement – avec tout ce qui nous est antipathique (v. p. ex. Babel 2010, 2012). En outre, la compétence des interlocuteurs dans les langues ou variétés en contact ne joue pas seulement un rôle déterminant dans le choix de la langue ou de la variété en général, mais aussi dans le choix de certaines formes linguistiques que l’on y observe (v. p. ex. Kabatek 2015) – et ce en particulier dans un contexte de bilinguisme individuel et de sociétés plurilingues.
Les grands pays francophones comme la France, le Canada et la Belgique constituent des sociétés hétérogènes dont les groupes ethniques et sociaux, souvent plurilingues, entrent en contact et négocient à cette occasion – entre autres multiples choses – leurs identités linguistiques. Ceci se manifeste par exemple dans les paysages linguistiques des centres urbains. On pourra citer ici en exemple la Belgique où le conflit entre la Flandre et la Wallonie se manifeste notamment à travers l’emploi de deux langues nationales dans l’espace public et où le (non-)usage de l’une ou l’autre langue peut, entre autres, marquer l’appartenance à un groupe politique ou social (Vandenbroucke 2017). On peut observer des phénomènes semblables en France, par exemple dans les banlieues conflictuelles, où les jeunes marquent aussi leur appartenance à un groupe de pairs par des biais linguistiques et où la rencontre des nombreuses communautés linguistiques avec le français est susceptible d’engendrer, surtout dans les domaines du lexique et de la morphologie, une productivité linguistique extraordinaire (v. p. ex. McAuley 2016 pour la formation de néologismes).
Le contact pluriséculaire entre le français et les langues régionales traditionnelles a, lui – par opposition avec les langues plus « récentes » des migrants –, produit de nouvelles variétés régionales du français, elles-mêmes sujettes à un changement constant. Ainsi Mooney (2016a et b) montre, à partir de l’exemple du Béarn rural, comment la « négociation » entre le gascon – menacé par l’extinction – et le français se manifeste sur le plan linguistique et aboutit finalement à la formation d’une nouvelle variété du français régional. Les conflits linguistiques ne s’expriment cependant pas seulement dans le positionnement des langues régionales à l’égard du français en tant que langue majoritaire, mais également au sein même des groupes qui s’engagent en faveur des langues régionales et s’efforcent de les revitaliser : étant eux-mêmes hétérogènes, ces mouvements utilisent la langue pour se démarquer les uns des autres. Dans ce contexte, on pourra par exemple mentionner l’emploi, par des groupes d’activistes idéologiquement divergents, de toute une série d’orthographes différentes (cf. Costa 2017 pour la situation en Provence).
Ce n’est pourtant pas seulement à travers la production linguistique, mais aussi et surtout à travers la perception des variétés et des langues que se développent les représentations stéréotypées du comportement linguistique de groupes sociaux spécifiques. Ces stéréotypes, qui ne reflètent pas nécessairement la production linguistique effective des groupes respectifs, se répercutent ensuite dans la langue des films, de la littérature et des nouveaux médias, où ils viennent renforcer les stéréotypes existants, préparant ainsi le terrain pour de nouveaux conflits potentiels (v. p.ex. Planchenault 2015 pour la situation au Canada).
La section accueillera des contributions issues de toutes les orientations théoriques qui se consacrent, du point de vue de la production linguistique ou de la perception (p. ex. au sens de la linguistique variationnelle perceptive, v. Krefeld/Pustka 2011), à la question du contact linguistique, par exemple dans les domaines et perspectives suivants :
- le contact entre différentes variétés du français entre elles (qu’il s’agisse de variétés diatopiques, diastratiques, ou diaphasiques) ou avec le français standard
- le contact entre le français et les langues minoritaires nouvelles et anciennes
- le contact entre le français et d’autres langues nationales
- les phénomènes de contact à tous les niveaux de l’analyse du système linguistique (la phonétique et la phonologie, la morphologie et le lexique, la syntaxe)
- les phénomènes de contact au niveau du discours
- le développement de nouvelles variétés et de nouvelles langues ainsi que la disparition de langues et variétés existantes, induits par le contact linguistique
- les phénomènes de convergence et de divergence linguistique

La langue de la section sera le français. Les propositions en anglais et en allemand sont néanmoins acceptées.

Modalités de soumission : Les propositions pour les communications ne doivent pas dépasser 300 mots, sans compter la bibliographie des œuvres citées. L’ensemble de la proposition ne dépassera pas une page. Les propositions sont à envoyer en fichier Word et PDF à daniela.marzo@romanistik.uni-muenchen.de et daniela.mueller@romanistik.uni-muenchen.de.
Date limite d’envoi des propositions : 15 janvier 2018.
Date de notification des décisions : 28 février 2018.

Conférenciers invités
James Costa (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle) : “Conflits de visions sur ce que doit être la langue, et qui elle doit représenter”
Daniel McAuley (Queen’s University Belfast) : titre à spécifier
Damien Mooney (University of Bristol) : titre à spécifier
Mieke Vandenbroucke (Universiteit Gent) : “From interrogation to institutional report: discursive processes of negotiation, transformation and convergence between varieties of French in marriage fraud investigations in Brussels”

Références bibliographiques
BABEL, M. (2010), „Dialect divergence and convergence in New Zealand English“, Language in Society 39: 437-456.
BABEL, M. (2012), „Evidence for phonetic and social selectivity in spontaneous phonetic imitation”, Journal of Phonetics 40: 177-189.
COSTA, J. (2017), Language Revitalisation: Doing Place, Time and Groupness in Provence, Oxford.
KABATEK, J. (2015), „Sprachkultur und Akkomodation”, in M. Bernsen, E. Eggert & A. Schrott (éds.), Historische Sprachwissenschaft als philologische Kulturwissenschaft, Bonn, 165-178
KREFELD, T./PUSTKA, E. (2011), „Für eine perzeptive Varietätenlinguistik“, in T. Krefeld & E. Pustka (éds.), Perzeptive Varietätenlinguistik, Frankfurt am Main, 9-28.
MCAULEY, D. (2016), „L’innovation lexicale chez les jeunes des quartiers urbains pluriethniques: ‘c’est banal, ouèche“, in M. Bilger, F. Mignon & L. (éds.), Langue française mise en relief. Aspects grammaticaux et discursifs, Perpignan, 175-186.
MOONEY, D. (2016a), „‘Transmission and diffusion: Linguistic change in the regional French of Béarn‘“, Journal of French Language Studies 26:327-352.
MOONEY, D. (2016b), „‘C’est jeuli, la Gasceugne!’ L’antériorisation du phonème /ɔ/ dans le français régional du Béarn‘“, French Studies 70/1: 61-81.
PLANCHENAULT, G. (2015), Voices in the Media. Performing French Linguistic Otherness, London et al.
VANDENBROUCKE, M. (2017), „Whose French Is It Anyway? Language Ideologies and Re-emerging Indexicalities of French in Flanders“, Language in Society 46 (3): 407-432.

Beitrag von: Daniela Marzo

Redaktion: Marcel Schmitt