Le traité de Versailles de 1919 a constitué pour la France et pour l’Allemagne une hypothèque lourde de conséquences : son application a soulevé de ce côté du Rhin des débats très controversés tandis que le traité lui-même a exercé de l’autre côté des influences autrement plus désastreuses, symbolisées par l’article 231 comportant une faute unilatéralement attribuée par les alliés aux puissances de l’Axe. L’issue de cette séquence, du naufrage de la République de Weimar à la montée du national-socialisme, est bien connue.
Moins connue en revanche est la genèse même du traité pendant les conférences de paix de Paris (janvier-juin 1919). Les recherches récentes ont souligné le caractère ouvert et évolutif du traité. C’est ce processus de gestation et de conception que l’atelier co-organisé par l’Institut historique allemand (Paris), l’université Goethe de Francfort (Institut de romanistique et centre de recherches de sciences humaines historiques) et l’Institut franco-allemand de sciences historiques et sociales de Francfort souhaiterait examiner. L’accent ne sera pas seulement placé sur le Conseil des Quatre, mais aussi sur la pluralité de commissions chargées de l’élaboration du traité. L’interrogation principale, proposée aux participant(e)s de cette rencontre, portera ainsi sur les enseignements que l’on peut aujourd’hui tirer de la textualité du traité. Quelles évolutions et quelles transformations connut-il au cours de son accouchement ? A quoi ressemblaient les premières ébauches ? Comment les articles furent-ils conçus, discutés, rédigés et amendés ? Bien des dispositions ne reçurent également leur signification réelle qu’après leur traduction en français, en anglais et en allemand. Quelles formulations ambivalentes, voire ambiguës, résultèrent de ce travail de translation et ménagèrent aux parties alors en présence des marges d’interprétation ?
Les organisateurs souhaiteraient en outre porter l’attention sur la matérialité du traité. On entend par là non seulement la structuration du traité, ses reliquats, autant que les traces des pratiques contemporaines de la diplomatie qu’il recèle et dévoile. Comment le traité fut-il authentifié, quels paraphes et quels sceaux porte-t-il ? On prendra également en compte l’histoire complexe et mouvementée de la tradition et de la conservation du traité. Si l’original, confisqué par l’occupant allemand, a disparu après la Seconde Guerre mondiale, les actes de la conférence de paix en revanche sont revenus en France à la fin des années 1970 après de multiples détours. Quels documents, quels protocoles issus des commissions, quels registres, relevés ou inventaires de notes rédigés par le secrétariat de la conférence ou le Conseil des Quatre comprend ce fonds ? Quels enseignements convient-il d’en attendre quant à l’élaboration même du traité ?
Cet appel à candidatures et à manifestation d’intérêt s’adresse à de jeunes chercheuses et chercheurs français(e)s et allemand(e)s dans toutes les disciplines. Ce Workshop est conçu comme un atelier interactif au cours duquel les participant(e)s seront amené(e)s à réagir sur la base d’un commentaire de texte, d’une analyse de source ou d’un exposé d’introduction tournant autour de thématiques liées à l’analyse des conflits, à la recherche sur la paix, aux relations franco-allemandes ou à la Première Guerre mondiale.
Les dossiers de candidature, accompagnés d’un CV et d’une lettre de motivation de 350 mots maximum, doivent être adressés à Axel Dröber, Institut historique allemand (adroeber@dhi-paris.fr), avant le 30 juin 2019.

Beitrag von: Frank Estelmann

Redaktion: Robert Hesselbach