Stadt: Jena

Frist: 2025-07-20

Beginn: 2026-01-29

Ende: 2026-01-31

Internationales Kolloquium: ‘Imagined Solidarities’ in Québec: Repräsentationen, Praktiken, Konflikte / Solidarités imaginées au Québec : représentations, pratiques, conflits

Friedrich-Schiller-Universität Jena, 29.-31.01.2026

Call for Papers

La notion de solidarité connaît actuellement un regain d’intérêt. Elle est à la fois invoquée dans le discours politique et s’impose comme objet d’étude interdisciplinaire à l’intersection des études culturelles et littéraires, de la sociologie, de l’anthropologie, des sciences politiques, du droit, des sciences de l’éducation, de l’urbanisme, de la géographie sociale ainsi que de la philosophie et de l’éthique. En témoignent une série de publications et de projets de recherche récents qui explorent et évaluent la viabilité du concept de solidarité dans le contexte actuel de crises multiples et de diversification sociétale marquée.
La société québécoise se conçoit tout particulièrement comme une communauté solidaire. Cette forme de solidarité s’articule à partir de la langue commune qu’est le français et d’une conception historiquement construite d’homogénéité culturelle dans un horizon d’expériences et de destin partagés. Le récit de victimisation qui y est associé repose sur des éléments tels que la résilience solidaire – notamment avec les populations autochtones dans la société coloniale naissante du XVIIe et du XVIIIe siècle – et la résistance aux menaces extérieures telles que la « conquête » par la Couronne britannique au bout de la Guerre de Sept Ans (1759-63) ou, plus récemment, face aux menaces de Donald Trump et au risque d’absorption du Canada par les États-Unis, soulevant ainsi des questions sur les liens entre nation et solidarité.
La prégnance du concept de solidarité tient au fait qu’il n’est pas seulement utilisé comme catégorie descriptive, mais aussi de manière incitative et prescriptive (Busen 2023), impliquant une dimension déontique et praxéologique (Tranow 2012). La solidarité étant souvent politiquement contestée (Schall 2022), voire « controversée » (Mayer / Schäfer / Schüll 2024), Busen la qualifie de « concept essentiellement disputé », c’est-à-dire de concept complexe, au sujet duquel s’articule une lutte fondamentale d’interprétation discursive et politique entre usages concurrents.
La popularité du terme, en particulier en temps de crise, découle aussi de son indétermination substantielle (Bayertz 1998 ; Busen 2023). Ainsi, la solidarité apparaît comme un concept passe-partout à la portée sémantique variable (voir le rapport de recherche de Schall 2022 : 30s.) ou encore, selon Bernard et Devette, comme un « signifiant vide » (2020-21 : 224). Selon Masurkewitz-Möller, on peut identifier, à partir de la logique de l’action, quatre types de solidarité étroitement liés les uns aux autres, voire interconvertibles : la solidarité socio-intégrative au sein des groupes d’appartenance, la solidarité instrumentale pour légitimer l’action étatique (par exemple l’État-providence), la solidarité politique issue de la résistance commune ou de la représentation d’intérêts partagés, et une solidarité universelle fondée sur des valeurs humanistes communes (2023 : 19 ; 21). Les différentes formes de solidarité constituent ainsi un champ de tension entre le particulier et l’universel, le spontané et l’institutionnalisé, le réciproque et le charitable, le groupe homogène et le groupe hétérogène, l’abstrait et le concret (Schall 2022 : 36s. ; 37–41 ; Mayer / Schäfer / Schüll 2024 : 7).
Alors qu’à l’heure des polarisations et des divisions croissantes dans la société et le champ politique, on proclame la fin du « langage de la solidarité » et l’avènement de l’ère de la « positionnalité » (par exemple le philosophe politique Steven D’Arcy, cf. Roediger 2016 : 224), la solidarité universelle éclairée par la raison ou la solidarité instrumentale de l’État-providence (national) sont abandonnées au profit de solidarités particulières, spécifiques à certains groupes, dans un combat politique commun. Cela soulève la question de savoir dans quelle mesure une « solidarité dans la diversité » peut être pensée dans le contexte des débats sur des sociétés hétérogènes, super-diverses (Vertovec), cosmopolites (Beck), postmigratoires (Yildiz 2022) ou encore « conviviales » (Gilroy et al.) (cf. Schall 2022 : 19s.).
Dans le cadre de notre colloque, le conflit autour des différentes formes de solidarité doit être compris à la fois comme symptôme de crise et comme opportunité de repenser la solidarité sur le plan théorique et conceptuel – « dans la diversité », au-delà des binarismes, des logiques d’inclusion et d’exclusion, au-delà d’un universalisme naïf (et eurocentré), de manière plurielle, multi-scalaire et « située » ou « incarnée ». Il s’agira notamment d’interroger les liens entre solidarité et collectif, ainsi qu’entre solidarité et appartenance identitaire. Et cela vaut tout particulièrement pour une nouvelle perception du Québec au regard de ses rencontres historiques et actuelles avec les peuples autochtones.
Le concept de solidarités imaginées se rattache à des approches telles que les „imagined communities“ (Anderson 1983), „imagined geographies“ (Said 1978), ou „colonial imagination“ (Appadurai 1996), mais aussi les „imagined futures“ (Beckert 2016), „imaginaries of migration“ (López García 2021) ou, dans le contexte canadien, les Modern Social Imaginaries de Charles Taylor (2004). Il met l’accent sur les représentations collectives, les images et les représentations qui constituent les communautés solidaires, les maintiennent unies et les situent dans l’espace et le temps. Les imaginaires sociaux (Adams 2023) et les pratiques qui y sont liées agissent comme des forces de cohésion entre les individus et les communautés, mais peuvent également être à l’origine de conflits et de remises en question. Ils sont donc centraux pour le changement social et l’innovation, en particulier en temps de crise et face à des imaginaires concurrentiels.
Le colloque propose à explorer la question des solidarités imaginées dans le contexte québécois. Dans une perspective interdisciplinaire, il s’agit d’analyser les formes de solidarité et les relations solidaires au sein de la société québécoise, par exemple à travers les relations entre minorités et majorité, mais aussi dans ses interconnexions extérieures, p.ex. avec le Canada et la francophonie nord-américaine ou à travers le réseau international du Québec. Le colloque s’interésse en particulier aux imaginaires sociaux, aux pratiques et aux discours qui leur sont associés, et invite à analyser les représentations symboliques, littéraires et médiatiques ainsi que les zones de conflit qu’elles impliquent. Trois axes principaux seront au cœur de cette réflexion :
• * Imaginaires de la solidarité : Les relations solidaires reposent sur des imaginaires sociaux et des pratiques associées. Les conflits peuvent être analysés, dans cette optique, comme des imaginaires concurrents de la solidarité.
Pratiques de la solidarité : Quelles sont les pratiques qui permettent de consolider ou de remettre en question les relations solidaires ? Dans quelle mesure ces pratiques participent-elles à la consolidation des liens de solidarité ou sont-elles porteuses de possibilités d’innovation et de transformation ?
Représentations littéraires et médiatiques des imaginaires et pratiques de solidarité : Quelles sont les pratiques discursives, littéraires et picturales par lesquelles se manifestent la solidarité et les imaginaires qui y sont liés ? Quelle est la contribution de la littérature et d’autres médias culturels à l’émergence ou à la remise en question des relations de solidarité ?

Einreichung von Vorschlägen
Vortragsvorschläge können bis zum 20.07.2025 an die Veranstalter geschickt werden. Sie sollten ein Abstract von ca. 300 Wörtern sowie eine kurze Biobibliographie enthalten.
• Alex Demeulenaere: alex.demeulenaere@univ-lorraine.fr
• Doris G. Eibl: Doris.G.Eibl@uibk.ac.at
• Christoph Vatter: christoph.vatter@uni-jena.de

Beitrag von: Christoph Vatter

Redaktion: Robert Hesselbach