Stadt: Osnabrück

Frist: 2018-01-15

Beginn: 2018-09-26

Ende: 2018-09-29

URL: http://www.francoromanistes.de/fileadmin/verband/frv/documents/CfP_Frankoromanistentag_Osnabrueck2018.pdf

Direction de la section : Prof. Dr. Margot Brink (Europa-Universität Flensburg)

Tandis que l’Union Européenne se focalise sur la gestion de la crise des réfugiés en mer méditerranée, il se passe un drame migratoire comparable dans l’océan Indien qui n’est presque jamais évoqué dans le débat public et politique en Europe – et ceci depuis des années. L’île de Mayotte appartient géographiquement, culturellement et historiquement à l’archipel des Comores et est située à 8000 km de Paris. De plus, depuis 1841 elle fait partie de l’empire colonial français, depuis 2011 elle est le 101ème département de la France et, en outre, depuis 2014 elle est partie intégrale de l’Europe comme « Région ultrapériphérique ». Ce sont ce statut spécifique ainsi que l’instauration d’un visa en 1995 pour les habitant.e.s des autres îles comoriennes voisines qui ont provoqué une immigration massive et ‘illégalisée’ par voie maritime à Mayotte. D’après les estimations du gouvernement français, entre 7.000 bis 12.000 Comorien.ne.s se sont noyés lors de ces traversées et les chiffres seraient même beaucoup plus élevés d’après le gouvernement comorien.

Ceci n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, mais aussi un conflit international, puisque les Nations Unies, l’Union Africaine et l’Union des Comores ont condamné l’appartenance de Mayotte à la France comme illégitime, tandis que la France et l’UE conçoivent Mayotte comme une partie de l’Hexagone et de l’Union européenne.

« Comme beaucoup d’histoires, celle de l‘Europe est aussi celle d’un oubli volontaire de ses origines », constate le sociologue Hauke Brunkhorst dans Das doppelte Gesicht Europas (2014, 11). Selon lui, on oublierait autant l’histoire de l’émancipation au sens kantien du terme que celle de la colonisation et de la lutte anticoloniale. Il en résulterait une attitude nommée « mutisme communicatif ». Et on peut ajouter que ce mutisme concerne dans une très large mesure aussi le conflit qui se passe actuellement aux Comores et pour lequel on attend vainement des débats et des prises de positions du côté de la part de l’Union européenne.

La littérature et les arts francophones dans la région de l’océan Indien et particulièrement aux Comores ont fortement contribué à rendre ce conflit plus visible. Des auteur.e.s comme Ali Zamir, Anguille sous roche (2016; Prix Senghor 2016), Nathacha Appanah, Tropique de la violence (2016), Nassuf Djailani, L’Irrisistible nécessité de mordre dans une mangue (2014) ou bien Soeuf Elbadawi, Un dikhri pour nos morts. La rage entre les dents (2013) ont trouvé des formes esthétiques littéraires et/ou performatives très diverses et intéressantes pour parler des réalités, des identités et des histoires de migration aux Comores et, par ce biais-là, ils ont un rôle important de médiateur et de traducteur entre l’Afrique et l’Europe. Depuis quelques années, de plus en plus d’écrivaines entrent sur la scène littéraire des Comores comme p.ex. Coralie Frei, La perle des Comores (2010), Touhfat Mouhtare, Ames suspendus (2011), Faïza Soulé Youssouf, Ghizza, à tombeau ouvert (2015) ou Halima Mohamed avec son premier livre Tsandza (2016) qui contient de la poésie slam écrite en comorien.

De plus, ces interventions littéraires et artistiques ont provoqué au-delà du champ esthétique une intensification de la recherche scientifique autour du conflit politique, de la culture et de l’histoire de l’archipel des Comores et ont ainsi contribué à élargir le champ de la recherche interdisciplinaire et à initier de nouvelles coopérations. Comme la littérature franco-comorienne elle-même, le champ de la recherche scientifique autour de ces sujets n’en est qu’à ses débuts.

Perspectives et questions structurant le travail de section :

  • Migration à Mayotte – un conflit volontairement ignoré par la France et l’UE : De quelle manière cette catastrophe humanitaire et politique aux Comores, une catastrophe trop souvent ignorée et passée sous silence, est-elle abordée dans les littératures, les arts et dans la recherche scientifique au niveau local et international ?
  • Interventions artistiques, littéraires et scientifiques : Quelles différentes approches de contenu et de formes esthétiques peut-on trouver dans la réflexion scientifique, littéraire ou artistique sur les tensions postcoloniales et la migration sur l’archipel des Comores ? Sous quelles conditions matérielles et politiques ces interventions se développent-elles et ont-elles ou non un impact sur la réalité ? Quelles questions se trouvent actuellement au centre de la recherche sur la région des Comores et quel sont les buts poursuivis ? Dans quelle mesure des approches inter- et transdisciplinaires qui prennent aussi en compte les savoirs littéraires et artistiques peuvent-elles contribuer à trouver des solutions à la crise humanitaire et politique dans la région comorienne ?
  • Perspective intérieure et extérieure sur l’Europe : Comment l’Europe se perçoit elle-même de la perspective d’une Région ultrapériphérique (RUP), localisée en même temps à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe ? Quelles images de l’Europe trouve-t-on dans les littératures et les arts qui traitent des Comores et d’une Mayotte franco-européenne ? Est-ce que l’Europe montre ici plutôt son « double visage » (H. Brunkhorst 2014) ou plutôt un nouveau visage dans lequel se retrouvent aussi les traces de l’Autre, traces supprimées depuis si longtemps ?
  • Solutions des conflits : Quelles solutions les littératures, les arts et les différentes approches scientifiques esquissent-ils pour la région déstabilisée des Comores ainsi que pour le problème migratoire causé par la politique française et l’UE ? Existe-t-il une transmission des idées du domaine des arts et de la science vers le discours et les pratiques politiques, et, si oui, comment se fait-elle ? Comment les pays voisins des Comores, soit sur le continent africain, soit dans la région de l’océan Indien reflètent-ils le conflit postcolonial aux Comores ?

Nous souhaitons des interventions en langue française ou anglaise de toutes les disciplines des domaines des lettres et des arts, des langues, des études culturelles, de la philosophie ainsi que des sciences humaines et sociales.

Veuillez nous envoyer vos propositions de communications sous forme d’un résumé (300 mots au maximum, inclus quelques références bibliographiques) jusqu’au 15 janvier 2018.
Vous recevrez une réponse concernant l’acceptation de votre proposition le 30 janvier 2018 au plus tard.

Contact: Prof. Dr. Margot Brink (mail : margot.brink@uni-flensburg.de) qui est en votre disposition pour tout renseignement supplémentaire.

Beitrag von: Margot Brink

Redaktion: Christof Schöch