Le défi de l’écocritique. L’environnement dans les littératures francophones contemporaines [Cinquième colloque international dans le cadre des Rencontres Allemandes de la Littérature Contemporaine (RALC)]
Stadt: Münster
Beginn: 2024-07-04
Ende: 2024-07-06
URL: https://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aktuelles/Vortraege/Le_defi_de_lecocritique.html
Le défi de l’écocritique. L’environnement dans les littératures francophones contemporaines
Cinquième colloque international dans le cadre des Rencontres Allemandes de la Littérature Contemporaine (RALC) du 4 au 6 juillet 2024 à l’Université de Münster
Organisation: Christian von Tschilschke, Wolfram Nitsch, Anna Isabell Wörsdörfer, Veronika Stritzke
Avec la publication du rapport du Club de Rome Les limites à la croissance (dans un monde fini), il y a plus de cinquante ans (1972), la nécessité de protéger durablement les écosystèmes de notre planète, afin d’assurer la survie de l’humanité à long terme, est parvenue pour la première fois à la conscience d’un public mondial. Dans ce contexte, le philosophe Hans Jonas a appelé à opposer au “Prométhée définitivement déchaîné” une nouvelle éthique qui “empêche le pouvoir de l’homme de devenir une malédiction pour lui” (1979). Depuis lors, le discours public sur l’interaction de l’homme avec son environnement n’a cessé de gagner en urgence. Ainsi, au tournant du millénaire, le débat s’est porté sur la question de savoir si l’homme n’était pas entré dans une nouvelle ère géochronologique, que Paul J. Crutzen et Eugene F. Stoermer ont appelée “anthropocène”. Au cours de la deuxième décennie des années 2000, le changement climatique s’est finalement imposé comme le thème dominant, bénéficiant d’une visibilité maximale avec les manifestations du mouvement “Grève étudiante pour le climat”.
Les sciences humaines ont réagi à ce processus, tout d’abord aux États-Unis, en développant un nouveau paradigme intégral, les Environmental ou Ecological Humanities. Dans ce cadre, des courants de recherche tels que l’écocritique, l’écoféminisme ou, plus récemment, les études animales et des plantes, se sont également établis en Europe au cours des dernières années, en particulier dans le domaine des études littéraires et culturelles. La théorie de l’acteur-réseau a permis à celles-ci de préciser les réflexions sur l’interaction entre acteurs humains et non-humains. Dans le monde universitaire francophone, ces orientations de recherche, en partie redéfinies sous les labels “écopoétique” et “zoopoétique”, sont devenues depuis quelque temps une valeur sûre. De nombreuses conférences, publications et autres initiatives (voir par exemple le site web du groupe literature.green à l’Université de Gand) ainsi qu’une différenciation croissante témoignent de leur succès.
Parallèlement, on observe depuis plusieurs années déjà dans les littératures francophones elles-mêmes un intérêt croissant pour la thématique environnementale et les défis esthétiques qu’elle implique, par exemple chez des auteurs comme Pierre Alferi, Emmanuelle Bayamack-Tam, Aurélien Bellanger, Éric Chevillard, Marie Darrieussecq, Alice Ferney, Élisabeth Filhol, Tristan Garcia, Laurent Gaudé, Michel Houellebecq, Maylis de Kerangal, Marie-Hélène Lafon, Laurent Mauvignier, Céline Minard, Wajdi Mouawad, Eric Plamondon, Jean Rolin, Emmanuelle Salasc, Isabelle Sorente, Joy Sorman et Jean-Loup Trassard. Depuis 2018, il existe même un prix en la matière, le Prix du Roman d’Écologie, qui récompense chaque année un roman francophone consacré de manière notable aux questions écologiques (les précédents lauréats étaient Emmanuelle Pagano, Serge Joncour, Vincent Villeminot, Lucie Rico et Antoine Desjardins).
La cinquième édition du colloque des Rencontres Allemandes de la Littérature Contemporaine, qui se déroule cette fois à l’Université de Münster, saisit l’occasion de cette dynamique pour examiner de plus près les différents sous-champs qui se sont développés dans le cadre de l’approche littéraire de la problématique environnementale. Notre objectif est d’étudier aussi bien les textes qui ont été clairement élaborés sous l’influence d’une prise de conscience écologique que ceux qui peuvent être lus d’une manière nouvelle dans cette perspective. La question centrale est de savoir dans quelle mesure la préoccupation pour l’environnement conduit à une révision du contenu, de la thématique, de la forme, du mode de narration, de la langue et de la fonction de la littérature francophone récente.
Programme
Agora-Hotel am Aasee: Bismarckallee 5, 48151 Münster
Jeudi 4 juillet 2024
08h30-09h00 Accueil
09h00-09h15 Ouverture du colloque et introduction
Christian von Tschilschke & Wolfram Nitsch
09h15-10h45 Perspectives historiques et théoriques : positionnements et délimitations
Présidence : Christian von Tschilschke
Pierre Schoentjes (Université de Gand) : “Des troupeaux de brebis aux hardes de cerfs. Claudie Hunzinger du pasto-ral à l’environnemental”
Jochen Mecke (Universität Regensburg) : “Éco-po-éthiques contemporaines”
10h45-11h15 Pause café
11h15-12h45 Technique, écologie, poétique
Présidence : Pierre Schoentjes
Laurent Demanze (Université Grenoble Alpes) : “Habiter : poétiques situées de l’écologie”
Wolfram Nitsch (Universität zu Köln) : “Le génie civil face à l’abîme naturel : ponts autoroutiers chez Maylis de Kerangal et Jean Echenoz”
12h45-14h30 Déjeuner au restaurant universitaire
14h30-15h00 Approches écocritiques
Présidence : Wolfram Nitsch
Sofina Dembruk (Universität Stuttgart) : “Houellebecq et les poules. Éco-ironie (prise au sérieux) dans Sérotonine (2019)”
15h00-15h30 Pause café
15h30-16h30
Christina Schaefer (Universität zu Kiel) : “Les tentacles de la fiction. Création d’espaces et exploration de l’environnement chez Céline Minard”
Melanie Schneider (Universität Regensburg/Universität des Saarlandes) : “Creuser la terre pour faire le plein d’essence. La station-service comme lieu emblématique d’une critique écologique de la culture pétrolière”
20h00 Dîner au restaurant en ville
Vendredi 5 juillet 2024
09h00-10h45 Les limites de l’imagination – modes de représentation
Présidence : Jochen Mecke
Dominique Viart (Université Paris-Nanterre) : “Fukushima : comment écrire le désastre ?”
Jean-Paul Engélibert (Université Bordeaux-Montaigne) : “Conte philosophique et retour du temps du mythe : une tension de l’écolittérature”
Delphine Edy (Université de Strasbourg) : “Écriture dramatique et écologie. Des relations au service d’un théâtre (éco-)responsable”
10h45-11h15 Pause Café
11h15-12h30 Zoopoétique: animal et animalité
Présidence : Anna Isabell Wörsdörfer
Marie Vigy (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : “‘Par-dessus nos épaules’ : évolutions du contrepoint animal dans le récit contemporain”
Veronika Stritzke (Universität zu Köln) : “Dévoiler l’industrie de la viande : perspectives zoopoét(h)iques dans Comme une bête de Joy Sorman et Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo”
12h30-14h15 Déjeuner au restaurant universitaire
14h15-15h00 Prises de conscience écologique
Présidence : Jean-Paul Engélibert
Hannah Steurer (Universität des Saarlandes) : “Lire, traduire, écrire l’écocritique : résonances écologiques chez Cécile Wajsbrot”
15h00-15h30 Pause café
15h30-16h30 La transformation du monde rural
Présidence : Laurent Demanze
Teresa Hiergeist (Universität Wien) : “La crise est dans le pré. Paysan.ne et terre à l’époque du capitalisme néoli-beral dans le roman contemporain”
Gregor Schuhen (Universität Landau) : “Le pays d’en haut / La France d’en bas : Écopoétique et diagnostic social dans l’œuvre de Marie-Hélène Lafon”
19h00-20h30 Lecture publique et entretien : Marie-Hélène Lafon
Modération : Dominique Viart
Stadtbücherei Münster, Zeitungslesesaal, Alter Steinweg 11, 48143 Münster
21h00 Dîner au restaurant en ville
Samedi 6 juillet 2024
09h00-10h30 Ecopoétiques francophones
Présidence : Veronika Stritzke
Sara Buekens (Université de Gand) : “Jeux vidéo et enjeux environnementaux : l’ambiance du virtuel dans Congo Inc. Le Testament de Bismarck d’In Koli Jean Bofane”
Cornelia Ruhe (Universität Mannheim) : “À la recherche de la toison d’or noir. Une lecture écoféministe de Petroleum de Bessora”
Andreas Gelz (Universität Freiburg) : “Métamorphoses et anthropomorphismes dans l’écopoétique : Le lièvre d’Amérique (2020) et Frappabord (2024) de Mireille Gagné”
10h30-11h00 Pause café
11h00-12h30 L’affrontement du changement climatique
Présidence : Cornelia Ruhe
Anna Isabell Wörsdörfer (Universität Münster) : “L’enquête policière dans le scénario de la dystopie climatique : Chien 51 de Laurent Gaudé”
Christian von Tschilschke (Universität Münster) : “La crise climatique dans la fiction littéraire, un point de vue comparatiste (Filhol, Hettche, Boyle)”
Clôture du colloque
Christian von Tschilschke & Wolfram Nitsch
12h30-14h00 Déjeuner au restaurant universitaire
Beitrag von: Anna Isabell Wörsdörfer
Redaktion: Robert Hesselbach